Surveillance et régulation

On constitua, aux entrées de Compiègne, des postes formés de quelques officiers, sans moyens, hélas, puisque la plupart de leurs liaisons se firent en utilisant leurs voitures personnelles. La mission de ces postes était de signaler et de ralentir, si possible, l'incursion, éventuelle, d'éléments légers ennemis et, d'autre part, de rejeter autant que possible en dehors de Compiègne le flot des réfugiés civils en laissant libre le pont sur l'Oise tout en dirigeant les fractions d'unités constituées sur les points de rassem­blement fixés par les chefs de corps et les militaires isolés sur des centres de regroupement.

 

 

 

Il y eut ainsi des postes :

 

- à l'Entrée Nord, sur la R.N. 32, la route classique des invasions suivant la vallée de l'Oise, par Guiscard, Noyon et Compiègne, aux ordres du commandant Cardin, instructeur à l'équipe n° 1 ;

- à l'Entrée Est, au carrefour de la R.N. 31, qui longe la vallée de l'Aisne et de la route venant de Chauny à travers la forêt de Laigue, aux ordres du commandant Bonvalot, instructeur à l'équipe n° 4 ;

- au Rond Royal, pour les routes traversant la forêt de Compiègne.

 

Le dispositif le plus complet fut celui de l'Entrée Nord : A l'époque, la RN 32 franchissait l'Oise immédiatement à l'ouest de la gare de Compiègne, près du carrefour de la RN 35 menant à Margny-lès-Compiègne et à un petit terrain d'aviation. On trouvait ensuite un pont au-dessus des voies de la gare, pont dont le débouché sud aboutissait à l'extrémité de la rue Solferino, la grande artère de la ville menant à son centre et à l'hôtel de ville. Cet ensemble constituait un incontestable point sensible qui attira chaque jour davantage les bombardements d'avion jusqu'à ce que la rue Solferino soit entièrement démolie et brûlée, les entonnoirs ayant crevé les conduites d'eau.

 

Le capitaine Tayeau (stagiaire du 6e groupe) organisa la défense des ponts avec le précieux concours d'une compagnie antichars polonaise armée de canons de 47. L'un de ceux-ci, placé rue Solferino et protégé par des sacs à terre, battait le pont de l'Oise, un autre, caché dans un café, battait le débouché du pont de la gare, tandis qu'une mitrailleuse, montée dans un appartement de la rue d'Austerlitz, prenait le pont de l'Oise en enfilade.

 

Le capitaine Vindry (stagiaire du 2e groupe) s'occupa de la circulation sur la RN 32 avec un certain nombre de ses camarades stagiaires, savoir, notamment le capitaine Cassan (stagiaire du 3e groupe), le capitaine Vessereau (stagiaire du 8e groupe), le lieutenant Carbonel (stagiaire du 3e groupe), le lieutenant Franck (stagiaire du 8e groupe), le lieutenant Bar (stagiaire du 3e groupe).

 

Pour maintenir les ponts dégagés, ces officiers s'étaient espacés sur quelques centaines de mètres en avant du carrefour de la RN 32 et de la RN 35. Ils sautaient sur les marchepieds des voitures, criaient l'itinéraire et le point de destination, faisaient éteindre les phares la nuit. Ils furent relevés le 18 mai par un élément régulateur léger.

 

A l'Entrée Est, il y avait un élément au passage à niveau de la route allant de Choisy-au-Bac à Compiègne. Il s'y trouvait, en particulier, le lieutenant de réserve Philippe, du 7e groupe.

Zones de regroupement

Le centre d'état-major organisa, le 15 mai, six zones pour le regroupement des éléments bousculés sur la Meuse. Ces zones étaient situées au sud de la ligne marquée par les cours de l'Aronde et de l'Aisne. Les officiers du centre s'y trouvaient une dizaine par zone, aux ordres d'un instructeur. Le commandement leur avait remis des documents donnant l'ordre de bataille et la composition des grandes unités. En partant de ce que disaient les isolés à propos de leur petite unité, on arrivait péniblement à constituer des détachements par formation et par grande unité.


Ces détachements étaient munis de vivres prélevés sur la gestion des subsistances de la rue Saint-Corneille, à Compiègne, d'après les instructions de l'intendant Eyraud. La gestion préleva d'abord sur le service courant puis, les effectifs s'accroissant, sur le dépôt de vivres qu'elle détenait au titre de la réserve générale du GQG. Le transport de ces vivres jusqu'aux zones de regroupement était assuré par des camionnettes du Centre d'état-major accompagnées d'officiers stagiaires. Au fur et à mesure de leur arrivée dans la région, les grandes unités montant en ligne prirent en charge les zones de regroupement de leur secteur après avoir été pourvues en vivres directement ou indirectement par la régulatrice de communications de Creil.


Une fois les détachements formés, ils étaient renvoyés à l'arrière, soit par voie de terre, en général sur Senlis ou Crépy-en-Valois, soit par voie ferrée, car on parvint à faire partir quelques trains de Compiègne, en fin de journée, sous les bombardements. C'est ainsi que le capitaine de Préval (stagiaire du 7e groupe) et un autre stagiaire, après avoir regroupé les éléments d'une division de la 9e armée (53e DI du général Etcheberrigaray probablement) les ont accompagnés par chemin de fer jusqu'à Vernon, au sud de la Seine. On reconstitua ensuite une 53e division légère d'infanterie à l'état-major de laquelle de Préval fut affecté le 25 mai jusqu'à ce qu'il soit fait prisonnier le 25 juin près d'Aillevillers. De son côté, le capitaine Then (stagiaire du 8e groupe) regroupa les éléments du génie et des transmissions qui arrivaient dans la région de Compiègne, soit, au total, un bataillon de sapeurs-mineurs et deux compagnies de transmissions. Il les conduisit ensuite au PC du général Altmayer, commandant la 10e armée en voie de constitution à l'ouest du dispositif.


Les éléments regroupés ont été parfois réarmés sur place dans les zones de regroupement comme on le verra plus loin (réarmement en armes légères uniquement).


Sur les six zones de regroupement, il y en avait deux au sud de l'Aisne :


- l'une, au débouché sud de Choisy-au-Bac, aux ordres du capitaine Manceaux-Demiau, instructeur à l'équipe n°3, dont l'une des missions essentielles était d'arrêter les isolés débouchant de la forêt de Laigue et de les diriger sur Crépy-en-Valois par les routes de la forêt de Compiègne en évitant la ville ;

- l'autre, à Pierrefonds, à l'est de cette forêt, à 15 kilomètres au sud-est de Compiègne aux ordres du commandant Aubert, instructeur à l'équipe n°1.


Les quatre autres étaient à l'ouest de l'Oise :


- une à Bienville, à 4 kilomètres nord-nord-ouest de Compiègne, aux ordres du commandant du Fresne de Virel, instructeur à l'équipe n°2 ;

- une à Lachelle, à 7 kilomètres au nord-ouest de Compiègne, sur la route d'Estrées-Saint-Denis, aux ordres du commandant Grenet, instructeur à l'équipe n°2 ;

- une à Longueuil-Sainte-Marie, à 15 kilomètres au sud-ouest de Compiègne, aux ordres du commandant Vrinat, instructeur à l'équipe n°3 ;

- une à La Croix-Saint-Ouen, à 8 kilomètres au sud de Compiègne, en lisière ouest de la forêt, aux ordres du commandant Chappuis, instructeur à l'équipe n°4. Cette dernière zone se trouvait à 4 kilomètres de Saint-Sauveur où se regroupèrent l'artillerie et les échelons de la 2e division cuirassée de réserve.


Dans la zone de Pierrefonds, le commandant Aubert avait avec lui, en particulier, le capitaine Redon (stagiaire du 1er groupe) et le capitaine Hure (stagiaire 1er groupe). Le commandant Aubert s'était installé dans une maison munie du téléphone, près du passage à niveau de Pierrefonds. On y conduisait les chefs de détachements et les isolés. En utilisant des officiers de toutes armes en cours de repli, il organisa des postes de contrôle et d'orientation, en éventail, au nord de Pierrefonds, sur les routes y conduisant. Il reçut le général Hassler qui rejoignait sa division, la 22e DI, après blessure ainsi que les QG des 27e CA et 87e DINA montant en ligne dont l'arrivée lui avait été signalée par Compiègne (le QG de la 87e DINA débarqua à Pierrefonds même). Il reçut aussi des éléments des services de la 9e armée, des payeurs notamment, tous en voiture et ayant conservé leur caisse. Il reçut surtout des détachements de toutes armes et services, le plus souvent en camion, avec leur armement portatif, mais sans aucune arme lourde. Il dirigea ces éléments sur Arcis-sur-Aube après les avoir fait reposer et ravitailler aux abords du château où ils ne furent pas inquiétés heureusement par les Allemands.


Le commandant Aubert avait retenu des douaniers en uniforme qui, placés sur les tours du château et armés de Lebels, firent le guet aux parachutistes. Il y eut une alerte aux parachutistes mais sans suite. Les ponts de l'Aisne furent surveillés et, au soir du 16 mai, le pont de Vic-sur-Aisne, par exemple, était barré par deux grands chars à betteraves avec, à leur voisinage, des anciens combattants de 1914-1918 munis de fusils de chasse auxquels se joignirent des volontaires pris parmi les éléments repliés.


Après l'arrivée de la 87e DINA, la zone de Pierrefonds fut couverte par des postes installés par le 9e régiment de zouaves  sur les ponts de l'Aisne.


La zone de Lachelle a regroupé des éléments de la 9e armée qui ont eu leur armement léger complété par des armes fournies par la régulatrice de communications de Creil. On espérait aussi recevoir des canons de 75 mais ils n'arrivèrent pas. Dans cette zone, il y avait des éléments de la 61e DI du général Vauthier (248e RI, 265e RI, 337e RI, 58e GRDI, 51e RA mixte) et de la 102e division de forteresse du général Portzert (148e RIF, 42e demi-brigade de mitrailleurs malgaches à deux bataillons, 52e demi-brigade de mitrailleurs indochinois à deux bataillons, 160e RA de position à deux groupes), dénuée de toute mobilité, dépendant du 41e corps d'armée de forteresse. Avec eux, on forma des détachements placés sur l'Aronde avec des antennes vers le nord-est, sur le Matz. Ces détachements y restèrent jusqu'à leur relève par la 19e DI.


A tous ces éléments, il fut prescrit de faire des chicanes, des abattis et des tranchées abris. Il y eut peu de bombardements, sauf à Rémy et à Braisnes. Les éléments armés reprirent leur moral, ceux qui n'avaient pas d'armes en attendaient impatiemment. Les premiers détachements de la 19e DI arrivèrent le 19 mai et prirent, sur le Matz, la place des fractions de la 61e DI qui furent évacués progressivement au fur et à mesure des débarquements de cette division.

Préparatifs de destruction des ponts de l'Oise et de l'Aisne

Le 14 mai, dans la matinée, le commandant du génie Poirot, instructeur à l'équipe n°4, reçut l'ordre de préparer la destruction des ponts de l'Aisne de Compiègne à Soissons exclu et du pont de Compiègne, sur l'Oise. Cet ordre lui fut apporté par le lieutenant-colonel Bergeron, de l'état-major de l'inspecteur général du génie. Il précisait que les explosifs lui seraient fournis à Creil par le génie du gouvernement militaire de Paris. Quant au personnel à utiliser, il fallait le rechercher parmi les fractions des grandes unités repliées de la 9e armée en cours de regroupement autour de Compiègne.

 

 

 

Dès le 14 mai après-midi, puis les 15 et 16 mai, le commandant Poirot effectua les reconnaissances nécessaires sur les ponts en cause avec les huit officiers du génie stagiaires (quatre d'active, quatre de réserve) et tenta de récupérer quelques éléments d'unités du génie.

 

Seul le pont de Compiègne, sur l'Oise, était doté d'un dispositif permanent de destruction. Les neuf ponts sur l'Aisne en étaient démunis et l'on ne pouvait que préparer la rupture des tabliers par une et, si possible, deux coupures. C'est ce qui fut prescrit aux détachements que le commandant Poirot put mettre en œuvre. Ceux-ci furent fournis principalement par le génie de la 4e DINA (général Sancelme) et par le 374e bataillon de sapeurs routiers récupérés au sud de l'Aisne, vers Montois.

 

Ce bataillon fournit les équipes de préparation pour les six ponts ci-après sur l'Aisne : Attichy (17 kilomètres est de Compiègne), Berneuil (3 kilomètres ouest d'Attichy), Vic-sur-Aisne (6 kilomètres est d'Attichy), deux ponts, l'un pour la route, et l'autre pour un chemin de fer à voie métrique), Fontenay (5 kilomètres est de Vic-sur-Aisne), Pommiers (4 kilomètres ouest de Soissons).

 

Le génie de la 4e DINA prépara les dispositifs du pont-route de Compiègne, sur l'Oise, et des ponts sur l'Aisne de Choisy-au-Bac, (5 kilomètres nord-est de Compiègne), Le Francport (3 kilomètres est de Choisy-au-Bac), Rethondes (3 kilomètres sud-est du Francport).

 

Dès le 16 mai, le commandant Poirot reçut à Creil un tonnage d'explosifs suffisant pour faire charger et bourrer les fourneaux du pont de Compiègne (pont en béton armé sur piles). Par contre, il n'avait rien pour les ponts de l'Aisne.

 

Il se trouvait heureusement, dans les creux de la rive nord de l'Aisne, entre Vic-sur-Aisne et Attichy, un dépôt de bombes d'avion de 50 kilos que l'armée de l'air allait abandonner. Le commandant Poirot les fit récupérer par le capitaine Fournier (stagiaire au 1er groupe) avant qu'il ne parte avec le général Frère (voir plus haut). Ces bombes devaient être placées sur les tabliers des ponts et munies de dispositifs de mise à feu. Il fallait toutefois les adapter en arrachant les ogives-têtes de gaines, pour permettre l'amorçage et en enlevant les ailettes pour permettre un contact plus parfait avec les pièces à détruire. Le lieutenant de réserve Daumas, commandant une compagnie du 374e bataillon de sapeurs-routiers, fut chargé des deux ponts de Vic-sur-Aisne. Il a donné au commandant Poirot une relation des difficultés qu'il a rencontrées. Ses cantonniers étaient des auxiliaires dont aucun n'avait servi dans le génie avant la guerre et que le traitement de bombes à grands coups de marteau effrayait de telle sorte que ce fut le lieutenant Daumas qui effectua seul le plus gros du travail.

 

Pour l'amorçage, il avait perçu des cartouches de mélinite cylindriques n'assurant le contact que suivant une génératrice. Elles s'appliquaient donc très mal à des surfaces métalliques planes. Un essai permit de se rendre compte qu'il fallait employer quatre cartouches placées par deux de part et d'autre de la poutrelle à détruire pour la cisailler et obtenir le même résultat qu'avec un seul pétard plat réglementaire. L'amorçage devenait ainsi plus compliqué sous le mitraillage incessant des avions allemands et le passage continuel de troupes et de réfugiés civils se dirigeant vers le sud. Le dispositif put cependant être perfectionné avec un poste de mise à feu abrité et la dissimulation des cordeaux-maîtres afin de les soustraire au sabotage possible d'agents de la cinquième colonne (dans la nuit du 16 au 17 mai, ces agents avaient coupé au bon endroit les cordeaux du pont de Soissons).

 

Le 17 mai au soir, l'ensemble des dispositifs était prêt et gardé. Le 18 mai, dans l'après-midi, les ponts de l'Aisne en amont d'Attichy sautèrent prématurément à la suite d'un ordre verbal de la 87e DINA. Le pont d'Attichy était endommagé mais encore utilisable ; par contre les ponts de Fontenay et de Pommiers se trouvèrent détruits. Le pont de Vic-sur-Aisne resta intact, le lieutenant Daumas qui en avait la charge s'étant heureusement refusé à exécuter l'ordre de mise à feu du général commandant la 87e DINA sans une confirmation écrite. Ces destructions intempestives provoquèrent une vive irritation, fort compréhensible, du général Noël qui dut faire lancer le 19 mai des ponts de bateaux à Fontenay et à Pommiers par le génie de son 27e CA. Celui-ci releva progressivement les éléments du 374e bataillon de cantonniers.

 

Le pont-route de Compiègne, sur l'Oise, sauta, lui aussi, prématurément postérieurement au 19 mai, mais l'explosion fut provoquée par un bombardement aérien allemand particulièrement bien ajusté.


La fin du centre d'état-major

Tout ce qui précède se déroula à Compiègne sous des bombardements croissants (il y eut vingt et une alertes le 19 mai). Pour y échapper, le commandement évacua le 16 mai les bureaux de la Place situés en pleine ville, à la caserne Bourcier et à l'hôtel de ville. Il se replia successivement sur le cercle Saint-Hubert puis sur les baraques du Rond-Royal aux abords desquelles des tranchées abris avaient été creusées dès l'arrivée des stagiaires. On organisa là, en outre, avec des camions, un barrage passif des routes d'accès, démuni, malheureusement, d'armes lourdes.


Une psychose due au manque de renseignements faisait craindre des largages de parachutistes dès que l'aviation allemande piquait à basse altitude. On redouta ainsi des largages sur le plateau de Lachelle le 18 mai ainsi qu'à l'est de la forêt de Compiègne. On crut voir des espions un peu partout, parfois à juste titre puisqu'on en trouva. Une inquiétude naquit le jeudi 16 mai au matin quant on vit des traînées fluorescentes sur les trottoirs de la ville : elles paraissaient avoir été disposées par une cinquième colonne pour jalonner les itinéraires conduisant aux ponts.


De grandes unités arrivèrent peu à peu dans la région et purent prendre à leur compte les missions du Centre d'état-major. Deux ou trois batteries antiaériennes en cours de repli s'arrêtèrent même quelques heures à Compiègne à partir du 17 mai au soir.


Le chef de bataillon Vidalat, jusqu'alors instructeur à l'École spéciale militaire fut désigné par le GQG pour prendre le commandement de la Place de Compiègne.


Le dimanche 19 mai, au matin, le lieutenant-colonel Noiret, chef du 3e bureau du GQG Nord-Est, fit savoir au lieutenant-colonel Azaïs que la mission exceptionnelle du Centre d'état-major prenait fin. Le lieutenant-colonel Azaïs donna, en conséquence, deux ordres, datés de 10 heures, l'un en qualité de commandant d'armes, l'autre en qualité de commandant du Centre d'état-major.

 

Le premier prescrivait qu'avant de rejoindre Compiègne le commandant Aubert signalerait son départ à la 87e DINA. Le commandant Chappuis recevait ordre de diriger à pied cent isolés restant à La Bruyère (3 kilomètres ouest de La Croix-Saint-Ouen) sur le centre de regroupement de La Croix-Saint-Ouen où ils se présenteraient au colonel commandant le régiment de pionniers qui s'y trouvait et qui prenait le commandement de ce centre.


Le commandant Vrinat devait passer le commandement de sa zone au même colonel de pionniers avant de rejoindre Compiègne avec ses officiers, y compris les stagiaires initialement destinés à l'encadrement de Senlis. Les commandants Grenet et du Fresne de Virel devaient signaler leur départ à la 19e DI et lui passer en compte les moyens dont ils avaient disposé pour la garde de l'Aronde. Le commandant Cardin et ses officiers, les officiers détachés aux postes aux issues du Centre d'état-major et aux postes de la route Soissons-Compiègne - Margny-lès-Compiègne, les officiers détachés à la caserne Bourcier devaient être relevés par les soins du commandant Vidalat.


Le second ordre renvoyait sur l'École militaire, à Paris, le personnel administratif avec les archives, qui disparurent par la suite, tandis que les instructeurs et les stagiaires devaient être dirigés sur les abords du GQG Nord-Est dès l'après-midi du 19 mai.


Le départ s'effectua à 20 heures au carrefour Napoléon en autobus fournis par le GQG. Après un arrêt nocturne en forêt de Compiègne, on traversa Senlis, puis Meaux et on aboutit à Rebais, à 15 kilomètres au sud-est de La Ferté-sous-Jouarre, où se trouvait le GQG Nord-Est. La plupart des officiers du cadre et du personnel enseignant ainsi que la plupart des stagiaires reçurent de nouvelles affectations. Parmi celles-ci, il y en eut beaucoup à la 10e armée en voie de constitution à l'ouest du nouveau dispositif des armées. Le commandant Poirot demeura seul à Compiègne, pendant quarante-huit heures, assurant, jusqu'à l'arrivée du commandant Vidalat, le commandement de la place et sa défense avec un bataillon de pionniers d'origine corse dont le PC s'installa au cercle Saint-Hubert.


Il resta quelques officiers en réserve de personnel du GQG. Ils furent dirigés le 22 mai sur l'École militaire, à Paris, où ils eurent encore quelques cours. Ils furent évacués le 10 juin sur Fontainebleau puis quittèrent cette ville le 15 juin, dans les voitures d'une division qui n'était pas encore reconstituée. Leur itinéraire suivit la RN 7 jusqu'à Nevers puis passa par Digoin, Vichy, Ussel, Meymac, Tulle. Ils poursuivirent leur voyage en wagons à bestiaux jusqu'à Toulouse où le centre d’instruction d’état-major fut définitivement dissout.



Cette courte étude souligne le bon travail d'état-major effectué et montre combien instructeurs et stagiaires ont fait œuvre très utile en regroupant des débris d'unités, en les ravitaillant et en les acheminant en ordre vers l'arrière pour un total de 74 000 hommes, en majorité de la 9e armée, dont seulement 10% avaient encore leur armement.


Ils ont ainsi préparé la reconstitution de divisions légères d'infanterie, telle, par exemple, la 236e division légère d'infanterie qui, de Rivesaltes, est venue se battre, du 14 au 16 juin 1940, dans la région d'Elbeuf et de Louviers.


Retour