Promotion 1897
La liste des 83 admis au
concours d’entrée paraît le 16 avril 1897 au Journal officiel. La vingt-troisième promotion comprend 43
fantassins, 24 artilleurs, 5 cavaliers, 5 sapeurs, 5 fantassins de marine et 1
artilleur de marine.
Les cours de la 23e promotion de l’École supérieure de guerre débutent le 1er novembre 1897. En 1898, M. DE GONDRECOURT, de la promotion précédente, est autorisé à recommencer sa seconde année d’études.
Le 29 décembre 1898, l’École supérieure de guerre reçoit la visite du Président de la République M. Félix Faure, accompagné du général Bailloud, secrétaire général de la Présidence, et des officiers de sa maison militaire, les commandants brevetés Bouchez et Legrand.
A la fin des cours, le 1er novembre 1899, 78 officiers sont brevetés d’état-major et classés ainsi :
1 POINDRON
2 DE GONDRECOURT
3 DE LARDEMELLE
4 GANTER
5 BOUVIER
6 RENAUD
7 SAUVAGE
8 JOLLOIS
9 JEANNE-JULIEN
10 LE ROND
11 DESTENAY
12 DELAPERCHE
13 POEYMIREAU
14 LUYT
15 DUMONT
16 DE VENEL
17 PILZER
18 CALONNIER
19 GASCOUIN
20 DE GOURLET
21 SPIRE
22 BOICHUT
23 HARAN
24 MICHAUD
25 HOCQUART
26 RUYNEAU DE SAINT-GEORGES
27 GODFRIN
28 MADELIN
29 ENAUX
30 AUDIAT
31 BALAGNY
32 LAMBLING
33 BOYE
34 LAMORRE
35 BONVIOLLE
36 SCHMIDT
37 LETONNE
38 HENNEQUIN
39 LEVASSEUR
40 BOUCE
41 GUEDENEY
42 DE LAMIRAULT
43 D’ACHER DE MONTGASCON
44 MARTIN
45 RONDELEUX
46 LATRILHE
47 BOREAU DE ROINCE
48 DUMONTEL
49 DARDIGNAC
50 BAREL
51 LEFEBVRE
52 ESCOURROU
53 BURIN-DESROZIERS
54 BUREAU
55 BEAUSSENAT
56 REY
57 DE LESQUEN DU PLESSIS-CASSO
58 GIRARD
59 DE GAIL
60 HENENTON
61 BUFFE
62 MATHIS
63 SUBERBIE
64 RAMBAUD
65 DUPRE
66 ROUTY DE CHARODON
67 PHILPIN DE PIEPAPE
68 DEVANT
69 DORDE
70 MINART
71 DELARUE
72 BERTHON
73 LE ROUVILLOIS
74 ULMO
75 BELTZ
76 HOLBECQ
77 LE RAY D’ABRANTES
78 MOITESSIER
Les mentions ont été attribuées de la manière suivante : Très bien : de 1 à 14 inclus ; Bien : de 15 à 63 inclus ; Assez bien : de 64 à 78 inclus.
M. METIVIER est décédé en 1898. M. LAVERGNE et M. PÉRIA sont autorisés à renouveler leur deuxième année d’études.
Vingt officiers de cette promotion sont morts pour la France : MM. AUDIAT-THIRY, BOUCE, DARDIGNAC, DE GAIL, DE LAMIRAULT, DE LARDEMELLE, DE LESQUEN DU PLESSIS-CASSO, DE VENEL, DELAPERCHE, DELARUE, DEVANT, HENNEQUIN, HOLBECQ, JOLLOIS, LAMORRE, LE ROUVILLOIS, MINART, ROUTY DE CHARODON, SAUVAGE.
Parmi les souvenirs laissés par cette promotion figure un pastiche intitulé En rev'nant de Montereau, dont MM. BOICHUT et GUEDENEY sont les auteurs, et qui paraitra bien plus tard, dans la revue Armée et Marine du 17 janvier 1904.
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En rev'nant de Montereau – souvenir de l’École de guerre
Article paru dans la revue Armée et Marine du 17 janvier 1904
Les officiers élèves de l'École supérieure de guerre emploient, on le sait, une partie de belle saison à parcourir la France pour étudier sur place l'organisation des frontières, des camps retranchés, des arsenaux et des grands établissements militaires.
Un de leurs voyages est consacré uniquement à l'étude pratique de la fortification ; comme application du cours très savamment professé à l’École, on leur fait établir en un point stratégique judicieusement choisi, une place du moment.
Montereau, avec son pont, où périt Jean de Bourgogne, et, où les recrues de Napoléon culbutèrent les Prussiens, est un de ces points stratégiques que visitent chaque année les générations successives de nos officiers d'état-major.
Un de leurs derniers voyages a inspiré aux poètes de la .23e promotion les vers que nous publions ci-dessous ; ils ne conduiront sans doute pas leur auteur à l'Académie, bien que le bâtiment du bout du Pont des Arts en ait parfois accueilli d'aussi discutables ; mais enfin ils témoignent d'une franche gaîté et d'un esprit de jeunesse que Von ne peut qu'approuver dans cette belle École où l’on oublie la rivalité d'armes à mesure que l'on apprend à se mieux connaître : fantassins, cavaliers, artilleurs et sapeurs sortant de l'École supérieure de guerre ne forment plus qu'un corps, celui des officiers d'état major, ayant pour devise celle que, dans un accès de franchise, l’austère général Pierron déclarait ex-cathedra devoir être celle du breveté, quelle que fut son arme, Mousquetaire et bénédictin.
Est-il besoin d’ajouter que de même que le poète, l’illustrateur appartient plutôt à la famille Mousquetaire.
En rev'nant de Montereau.
(sur l’air de En rev’nant de la revue)
Paroles de BOICHUT
Dessins de GUEDENEY
I
Je fais partie du premier groupe
Qui étudie depuis longtemps le projet
D’amener à Montereau de la troupe
Pour y faire un grand camp retranché !
Après avoir vu M’sieur Méreau
Nous sommes partis pour Montereau
Le commandant Hocquart en avant
Et les autres par le train suivant
Nous avons apporté
De quoi pouvoir dessiner
Des gommes, des crayons, des planchettes
Des molletières et des bicyclettes
L’aide-mémoire du génie
Celui de l’artillerie
Car il fallait accoupler
Ces armes qui tout le temps se mangent le nez.
Refrain
Gais et contents
Pour notre plan du moment
Nous partions triomphants le cœur à l’aise
Sans hésiter, car nous allions piqueter
Retourner et creuser la terre française.
II
Nous faisions des retranchements en terre
De forts ouvrages de passagère
Comme çà nous passâmes plusieurs jours
En explorant les alentours
Poindron compte les fils de fer
Des réseaux de défenses accesouères
Et Beaussenat dut recenser
Ce qu’il faut aux troupes pour boulotter
Dans les parcs du génie
Pleins de chevalets, d’outils
Boichut s’occupa de fascinage
Hennocque fit la grosse ouvrage
Sous l’ingénieur Renaud
Sans ballast, sans travaux
On vit marcher le Péchot (1)
Comme l’express de Paris-Bordeaux.
Refrain
III
A Moitessier la tâche incombe
D’avoir les deux pieds dans la tombe
De Gondrecourt est chef de secteur
Et Rondeleux chef de sous-secteur
Le Rond ne parle que d’érection
D’observatoires et de ballons
Guedeney fait le plan directeur
Avec toutes sortes d’encres de couleur
Il me reste pour la fin
A vous parler de Gascouin
Pour lui ce travail aux autres si dur
Fut une simple villégiature
Pourtant à son avis
Fallait pas venir ici
C’est Moret qu’on devrait fortifier
Parce qu’il y a ses propriétés.
Refrain
IV
L’artilleur, commandant Spilleux
Réunit tous les trains de banlieue
Les remplit de canons, de lambourdes
Et d’un tas de choses très lourdes
Il dit déclasser d’anciennes places
Pour leur chiper leurs Douze culasse (2)
Par son ordre le matériel Péchot (1)
Navigua sur un pont de bateaux
Mais le plus beau résultat
Qu’on nous montra là-bas
C’est que malgré l’antipathie
De l’artillerie et du génie
Un mariage de raison
Peut se faire à l’occasion
Et réunir les cœurs
Des sapeurs et des artilleurs.
Refrain
V
Après que nous eûmes bien calculé
Les heures de travail de nos tranchées
Le grand chef commandant Clergerie
Fit la critique à la mairie
En quelques mots pas trop sévères
Montra les progrès de l’art militaire
Grâce auquel nous mettons moins de temps
Pour faire une place que sous Vauban
Trouva pourtant que Pilzer
Remuait trop vite la terre
Qu’il exténuait le pauvre sapeur
Bien que le travail lui fasse pas peur
Il aime bien qu’on inonde
Surtout quand l’eau abonde
Et fut si content de nos croquis
Qu’il nous rouvrit le chemin de Paris.
Refrain
Gais et contents
De notre place du moment
Nous regagnons Paris le cœur à l’aise
Sans hésiter, car nous avions assez
Creusé et brouetté la terre française.
(1) Le matériel Péchot, du nom du colonel Péchot, qui fut à son origine, est un système matériel roulant et de voies ferrées utilisé pour le transport des matériels en campagne.
(2) Le canon de 12 culasse est un obusier de 12 modèle 1853, rayé en 1859, modifié à culasse en 1884 pour une utilisation dans une caponnière ou dans un coffre ; il est utilisé à l’époque pour la défense des fossés des ouvrages fortifiés.