LE COURS SUPÉRIEUR INTERARMÉES




Après la Deuxième Guerre mondiale, la France doit rénover entièrement son système de défense et plus particulièrement l'enseignement militaire supérieur. La tâche s'avère délicate et complexe.


Les formes de la guerre, en effet, se sont radicalement transformées depuis 1939. Les procédés de combat ont subi une véritable mutation en raison des modifications intervenues dans les matériels, les techniques, les armements. De plus, des facteurs nouveaux sont à prendre en considération comme l'aspect aéroterrestre des opérations, l'importance prise par la logistique, le poids de l'économie dans la guerre, l'engagement des populations et l'apparition prévisible du fait nucléaire sur le champ de bataille.


Cette transformation du « phénomène guerre » pose en termes nouveaux la formation des cadres supérieurs de l'armée française après 1945. En outre, l'appareil militaire français «dont la guerre avait montré cruellement la vétusté» est désorganisé par quatre années d'occupation.


La réorganisation de l'enseignement militaire supérieur s'inscrit donc dans un esprit de rénovation. Dans cet esprit, une première décision, prise en décembre 1946, crée un enseignement militaire supérieur qui doit comporter trois degrés :


- 1er degré ; une École d'état-major (EEM), propre à chaque armée ; chacune des écoles prépare les officiers au service d'état-major dans les commandements interarmes ;

- 2e degré : l’École supérieure des forces armées (ESFA), commune aux trois armées (mais avec trois sections - Terre - Air –Mer - ayant un cycle commun de quelques mois, le Cours supérieur interarmées (CSI) ; cette école complète la culture militaire des officiers brevetés d’état-major des armées de terre, de mer et de l’air en leur donnant des principes généraux de stratégie ;

-3e degré : un collège de Défense nationale et d'économie de guerre (regroupant des officiers des trois armées), dont une partie du stage est consacrée à des études en commun avec des personnalités civiles dans le cadre de l’Institut des hautes études de Défense nationale ; le collège assure la préparation à l'exercice du haut commandement et au service dans les postes les plus élevés des organismes chargés de la préparation et de la conduite de la guerre.


Mais c’est à partir de l’automne 1948 qu’est constitué et que fonctionne le Cours supérieur interarmées qui cesse ses activités le 31 décembre 1992, pour être remplacé, le 1er janvier 1993, par le Collège interarmées de défense, qui en dérive et occupe ses locaux ainsi que ceux de la deuxième année de l’École supérieure de guerre.


Il est à noter qu’un premier essai d’enseignement stratégique, au bénéfice unique des officiers stagiaires de l’École supérieure de guerre, avait été réalisé en 1909 par le maréchal Foch.


Durant cette existence de près de cinquante années, le Cours supérieur interarmées a pour mission de compléter l’enseignement des écoles de guerre par une initiation aux problèmes internationaux et aux principes généraux de la stratégie afin de donner aux officiers brevetés la formation nécessaire au service dans un état-major interarmées, national ou interallié.


La direction du Cours supérieur interarmées est assurée par un officier général directeur choisi à tour de rôle dans chacune des armées et assisté d’un officier supérieur, directeur des études, appartenant à une autre armée.


Le Cours supérieur interarmées ne constitue pas un palier intermédiaire entre les écoles de guerre et le Centre des hautes études militaires ; il fait partie de la même tranche d’enseignement militaire supérieur que les écoles de guerre mais son enseignement et son fonctionnement sont spécifiquement interarmées, et sont par conséquent contrôlés par les généraux chef d'état-major des armées et le directeur de l’enseignement militaire supérieur pour le compte du comité des chefs d'état-major.


Au cours de pré-stages (visites aux armées autres que la leur), puis d’une session annuelle de quatre mois et demi, le Cours supérieur interarmées réunit les stagiaires des trois Écoles supérieure de guerre (terre, air, mer), auxquelles s’ajoutent, au moment de leur création, l’École supérieure de la gendarmerie et l’École supérieure de guerre interarmées, pour des travaux en commun et un voyage d’information.


Tout en se liant d’une solide camaraderie, ils apprennent à connaître les possibilités et les servitudes des armées autres que la leur.


Ils sont initiés en commun aux problèmes que posent la conduite coordonnée des forces terrestres, maritimes et aériennes ainsi que la logistique interarmées.

Leurs programmes comprennent la manœuvre aéroterrestre, la manœuvre aéroportée et la mise en œuvre des techniques modernes par les grands commandements.


Groupés en comités interarmées, les stagiaires étudient un certain nombre de cas concrets mettant en valeur l’importance de la combinaison des trois armées. Ils acquièrent de cette façon des notions d’ordre stratégique, élargissant ainsi leur culture militaire générale.


L’enseignement comporte des conférences, des discussions dirigées, des travaux et comités, ainsi que la rédaction des projets et de documents d’état-major correspondant aux échelons élevés et interarmées du commandement.


A leur sortie du Cours supérieur interarmées, les officiers stagiaires sont aptes, en tant qu’auxiliaires du commandement, à servir dans un état-major interarmées.


Après développement de leurs connaissances militaires, et mise au point de leur expérience du commandement, les plus qualifiés d’entre eux se retrouveront, quelques années plus tard, parmi les auditeurs du Centre des hautes études militaires.

 

L’insigne du Cours supérieur interarmées