L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE DE 1946 À 1993



LA RÉORGANISATION DE L'ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPÉRIEUR AU LENDEMAIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

 

Après la Deuxième Guerre mondiale, la France doit rénover entièrement son système de défense et plus particulièrement l'enseignement militaire supérieur. La tâche s'avère délicate et complexe.

 

Les formes de la guerre, en effet, se sont radicalement transformées depuis 1939. Les procédés de combat ont subi une véritable mutation en raison des modifications intervenues dans les matériels, les techniques, les armements. De plus, des facteurs nouveaux sont à prendre en considération comme l'aspect aéroterrestre des opérations, l'importance prise par la logistique, le poids de l'économie dans la guerre, l'engagement des populations et l'apparition prévisible du fait nucléaire sur le champ de bataille.

 

Cette transformation du « phénomène guerre » pose en termes nouveaux la formation des cadres supérieurs de l'armée française après 1945. En outre, l'appareil militaire français «dont la guerre avait montré cruellement la vétusté» est désorganisé par quatre années d'occupation.

 

La réorganisation de l'enseignement militaire supérieur s'inscrit donc dans un esprit de rénovation. Dans cet esprit, une première décision, prise en décembre 1946, crée un enseignement militaire supérieur qui doit comporter trois degrés :

 

- 1er degré ; une École d'état-major (EEM), propre à chaque armée ; chacune des écoles prépare les officiers au service d'état-major dans les commandements interarmes ;

- 2e degré : l’École supérieure des forces armées (ESFA), commune aux trois armées (mais avec trois sections - Terre - Air –Mer - ayant un cycle commun de quelques mois, le Cours supérieur interarmées (CSI) ; cette école prépare les officiers à l'exercice des commandements interarmes et au service d'état-major dans les commandements interarmées ;

-3e degré : un collège de Défense nationale et d'économie de guerre (regroupant des officiers des trois armées), dont une partie du stage est consacrée à des études en commun avec des personnalités civiles dans le cadre de l’Institut des hautes études de Défense nationale ; le collège assure la préparation à l'exercice du haut commandement et au service dans les postes les plus élevés des organismes chargés de la préparation et de la conduite de la guerre.

 

La coordination est assurée par un général directeur de l'enseignement militaire supérieur.

 

La formation des officiers est donc continue et équilibrée, du moins pour ceux qui peuvent en bénéficier.

 

C'est dans ce cadre, qu'après sept années d'interruption, l'École supérieure de guerre, désormais composante de l'École supérieure des forces armées, ouvre ses portes au printemps 1947.

 

Mais l'École supérieure des forces armées ne sera qu'une institution provisoire ; très rapidement, au début des années 50, une partie de la mission d'enseignement de l'école est attribuée au Centre des hautes études militaires et les sections Terre-Air-Mer retrouvent leur autonomie et leur indépendance.

 

L'École supérieure de guerre reprend donc sa place traditionnelle au sein de l'armée de Terre.

 

Ses responsabilités vont d'ailleurs s'accroître : en 1949, l'École d'état-major (EEM) lui est rattachée et, en 1952, l'École supérieure des officiers de réserve du service d'état-major (ESORSEM) lui est à nouveau subordonnée.

 

 

L'ENSEIGNEMENT À PARTIR DE 1947

 

Après 1947, l'enseignement de l'École se modifie profondément dans sa nature et dans son esprit.

 

L'adaptation aux réalités du monde contemporain est la dominante de cet enseignement. Certes, il ne s'agit pas de renier le passé, car c'est de lui que sont toujours déduites les grandes constantes de la guerre, mais de suivre l'extrême rapidité d'évolution des progrès scientifiques et par voie de conséquence de prévoir les formes possibles de la guerre future. Cet effort d'adaptation doit être permanent et exclure tout formalisme et tout dogmatisme.

 

Ce dernier souci est mis en évidence le 2 décembre 1947 par le général de Lattre de Tassigny, alors inspecteur général de l'armée de Terre, à la réouverture officielle de l'École. II s'exprime en ces termes devant les stagiaires : «L'évolution des formes dé la guerre est susceptible de modifier à tout instant une partie des connaissances et par conséquent des aptitudes nécessaires à l'officier d'état-major et au chef. II faudra donc que cette École sache être à la tête de cette évolution pour s'adapter à temps aux besoins du moment.»

 

Puis s'adressant au cadre enseignant, il poursuit, parlant des futurs stagiaires : «Vous les engagerez résolument dans les voies de l'avenir là où l'esprit de prévision doit s'exercer d'autant plus activement que les leçons du passé restent impuissantes à découvrir les progrès de la Science.»

 

Le but de cet enseignement est de préparer des « manieurs d'hommes et des manieurs d'idées, inquiets du futur » mais prêts, dans le respect des constantes de l'armée à se conformer au caractère contingent de la guerre.

 

Deux branches maîtresses constituent cet enseignement :

 

- Les études opérationnelles ayant pour but essentiel de former les stagiaires au commandement des grandes unités et à servir dans les états-majors.

- Les études générales ayant pour but d'orienter les stagiaires vers les problèmes de défense nationale et de tourner leur esprit vers l'étude des problèmes militaires dans le cadre de l'évolution scientifique, économique, sociologique et politique du monde.

 

Parallèlement, la pédagogie de l'École subit une modification profonde dans le sens d'une modernisation très rationnelle.

 

Les méthodes utilisées avant-guerre ne semblent plus d'actualité en 1947. Par ailleurs; la volonté du commandement de privilégier la formation de nouveaux chefs capables de dominer les données complexes posées par les conflits modernes, nécessite la mise en place d'une véritable pédagogie active.

 

Le travail en équipe ou en groupe, entièrement revu quant à son esprit, devient alors le procédé essentiel. Par le biais de la discussion dirigée, chaque stagiaire est amené à présenter ses idées, à les défendre, à les corriger s'il y a lieu, à la lumière des arguments exposés par d'autres.

 

Ces discussions de groupe qui excluent toute censure avouée ou cachée vont s'avérer très fructueuses. Elles développent une ambiance de franchise et de tolérance. La règle est d'encourager l'exercice de l'esprit critique dont «le rôle consiste essentiellement à reconstituer, en faisant au maximum abstraction de sa propre personnalité, le cheminement intellectuel conduisant le chef à la décision».

 

Le rôle du professeur, jusqu'alors maître incontesté du savoir, se modifie en conséquence. Il n'enseigne plus au sens strict du terme. Il devient un animateur, chargé d'instaurer un climat de confiance propice à l'affirmation des caractères des stagiaires.

 

Sans stériliser les discussions, il a pour mission au sein des groupes de répartir les tâches, de fixer le but à atteindre, de faire les mises au point nécessaires, et surtout de mettre en garde les stagiaires contre les recettes, les schémas ou les «solutions école» qui ne résolvent qu'en apparence les problèmes et paralysent l'imagination. Cette pédagogie se propose donc de former des officiers brevetés de l'enseignement militaire supérieur à la personnalité largement épanouie, en possession d'une méthode sûre de travail leur permettant de s'adapter aux situations les plus diverses. Le caractère novateur de l'enseignement se marque également par l'attribution d'un nouveau diplôme aux stagiaires, sanctionnant leurs années d'étude. Le Brevet de l'enseignement militaire supérieur (B.E.M.S.) remplace le Brevet d'état-major. II matérialise le caractère élevé de la formation donnée par l'École d'après-guerre.

 

«Notre objectif, vous le sentez clairement, est d'ouvrir les fenêtres de l'École sur le monde extérieur» affirme en 1947 le général Bertrand. Cette ouverture sur le monde va demeurer une des constantes de l'enseignement de l'École de 1947 à 1994. II fallait intégrer l'effort des stagiaires dans le travail commun de la nation. Le temps de l'isolement «dans la fierté muette d'un sacerdoce librement accepté» était révolu. La forme de la civilisation moderne, la solidarité avec le pays impliquaient une intégration totale dans le rythme d'existence de la collectivité nationale et internationale.

 

Cette intégration va se manifester dans différents domaines.

 

La tradition bien établie avant-guerre des conférenciers civils est reprise, mais on lui donne une extension notable. Ces conférences de culture générale prennent avec les années une importance capitale, car le chef de guerre «homme de savoir» selon l'expression du général de Lattre doit impérativement bénéficier de données extra militaires dont la connaissance est indispensable pour traiter dans une large synthèse les problèmes militaires.

 

Les maîtres les plus représentatifs de la pensée française et étrangère dans toutes les disciplines allant de l'histoire, à l'économie, aux sciences et aux techniques sont ainsi conviés à s'adresser régulièrement aux stagiaires. Certains d'entre eux se souviennent encore aujourd'hui des interventions de ces professeurs éminents, et en particulier des leçons d'André Siegfried dont « le bel auditoire », pour reprendre l'appréciation du célèbre spécialiste des sciences politiques, était captivé par les développements d'une intelligence féconde et toujours en éveil.

 

Avant-guerre, les promotions participaient régulièrement à des voyages à dominante historique ou géographique en France. Cette tradition est reprise dès 1948, mais ces voyages, nouveauté considérable, concernent également les pays étrangers et les territoires d'outre-mer.

 

Leur but est de contribuer à l'enrichissement des stagiaires sur les plans historique et géographique et de leur faire mieux comprendre les réalités politiques, économiques et militaires du monde contemporain. La 61e promotion en 1949 est la première à bénéficier de ces voyages hors métropole par un séjour en Afrique occidentale française. Les années suivantes, cette nouveauté sera maintenue et diversifiée. Elle permettra à l'École de visiter la plupart des pays de l'Europe occidentale et méditerranéenne.

 

La dernière guerre a montré qu'à tous les échelons de la bataille, la solution des problèmes exige souvent une coopération étroite avec les autorités civiles et avec la population.

 

L'École concrétise cette coopération en instaurant dès sa réouverture un certain nombre d'activités en vue de «s'imprégner de l'élément civil».

 

Les stages dans les industries et la multiplication des contacts avec tous les organismes civils marquent la volonté du commandement d'élargir l'expérience des stagiaires et d'accroître leurs facultés d'adaptation. Ils permettent également à l'École de nouer des contacts étroits avec toutes les branches qui régissent l'activité du pays, grandes entreprises publiques ou privées, centres d'études, grands corps de l'État.

 

Cet effort d'intégration au monde civil caractérise désormais l'enseignement de l'École. Vers les années 60, il permet aussi aux stagiaires de s'initier au fonctionnement des collectivités locales et à l'organisation administrative du pays.

 

Les contacts avec les grandes écoles militaires européennes sont également un des signes distinctifs de cette ouverture de l'École sur le monde extérieur. Les échanges concerneront au lendemain de la guerre le Staff College de Camberley, puis les écoles de guerre italienne, néerlandaise,  belge, etc. En 1963 enfin, des liens étroits sont établis avec la Führungsakademie de Hambourg.

 

De 1947 à 1994, l'enseignement de l'École va évoluer en fonction des événements de l'histoire militaire française. Trois périodes peuvent être distinguées :

 

- de 1947 à 1962, c'est le dilemme entre un enseignement tourné vers le futur et le poids du présent lié aux guerres coloniales ;

- de 1962 à 1991, c'est l'orientation délibérée de l'École vers l'étude du devenir nucléaire ;

- de 1991 à 1994 : c'est la réorientation de l'enseignement vers une dimension plus interarmées.

 

Après 1947, les leçons de la guerre 1939-1945 occupent une place très importante dans les programmes de l'École. Les notions de guerre totale, de guerre populaire (avec le phénomène résistance), de guerre de matériel sont mises en exergue en particulier par le cours d'histoire de l'École, qui est chargé également de mettre en lumière la pérennité des principes de la guerre.

 

Mais très vite, l'École se penche «avec curiosité sur les problèmes de l'avenir».

 

La formation est orientée vers la mise en œuvre des grandes unités nouvelles sur le champ de bataille compte tenu des armements, des techniques modernes et de l'emploi possible de l'arme nucléaire. Les stagiaires sont donc associés aux programmes d'expérimentation et à l'étude des possibilités d'un corps de bataille adapté à la guerre future. De nombreux cas concrets s'efforcent également de montrer les caractéristiques et l'emploi des grandes unités prévues pour un conflit conventionnel ou nucléaire.

 

Cependant l'École « vit intensément dans le présent ».

 

Les tensions en Europe provoquées par la guerre froide, les guerres coloniales en Extrême-Orient et en Afrique du Nord, puis la chute du Mur de Berlin prennent peu à peu dans les études tactiques une grande importance. Elles montrent que l'École ne néglige pas les événements extérieurs et qu'elle s'efforce d'adapter son enseignement aux missions confiées à l'armée française.

 

Les aspects particuliers de la campagne d'Indochine font l'objet de nombreuses analyses. Un exercice lui est consacré ; des témoignages d'officiers ayant exercé des commandements importants en Extrême-Orient sont présentés aux stagiaires. La stratégie d'usure du Vietminh ainsi que ses méthodes d'encadrement de la population font l'objet, d'une abondante documentation.

 

Mais ce sont les événements d'Afrique du Nord à partir de 1954 qui influenceront principalement l'enseignement de l'École. Les études tactiques accordent une place privilégiée aux problèmes de la subversion et de la guérilla. Le cours d'histoire de l'École se voit chargé d'étudier certaines opérations caractéristiques de la guerre psychologique et de mettre en exergue leur caractère militaire et politique.

 

L'enseignement s'adapte à ce nouveau type de guerre, car si l'École se désintéressait de ces problèmes, «elle risquerait alors de faillir à sa mission et de perdre la confiance du commandement et de ses stagiaires » écrit le général de La Chapelle en 1954.

 

La lutte menée en Afrique du Nord et plus précisément en Algérie sert de base aux études entreprises par l'École. Les enseignements de tous ordres qu'elle apporte, permettent aux stagiaires de prendre conscience des procédés d'action de la guérilla et de ses implications psychologiques. Dans cet esprit, des promotions effectuent des stages sur le terrain, confrontant ainsi l'enseigneent avec la réalité des faits.

 

Après 1962, avec le retour de l'armée française en métropole, l'École se tourne résolument vers l'avenir dans le contexte de la doctrine française de dissuasion.

 

Le général de Gaulle, Président de la République, s'adresse ainsi aux stagiaires de l'enseignement militaire supérieur le 15 février 1963 : «Pour un pays, il n'y a pas d'indépendance imaginable s'il ne dispose pas d'un armement nucléaire.»

 

Les études opérationnelles accordent peu à peu à partir de cette date une place essentielle au fait nucléaire. Les exercices se déroulent d'abord dans le cadre de la division 59, puis après le retrait de la France de l'organisation militaire de l'Alliance atlantique, dans le cadre de la division 67 dont les structures, les matériels, les possibilités, sont adaptés à l'emploi du feu nucléaire tactique.

 

Dans les cas concrets de nature très variée, la méthode de raisonnement tactique, conçue à l'origine comme une méthode individuelle, est intégrée au processus de résolution des problèmes opérationnels appliqués dans lés états-majors des grandes unités. Elle fait ainsi mieux ressortir le caractère collectif des travaux du chef et de son état-major.

 

En outre une part plus importante est attribuée aux techniques et aux méthodes d'aide à la décision.

 

Les études générales accentuent leur ouverture sur la société française contemporaine. Le cours d'histoire prend une orientation plus scientifique. L'histoire bataille est proscrite au profit d'une histoire globale. A partir de 1968 - année charnière dans la période considérée, le cours est chargé d'animer des groupes d'étude sur l'évolution de la pensée militaire de 1750 à nos jours et ses rapports avec les données sociologiques, techniques, politiques et économiques du moment.

 

Mais le souci du futur reste la dominante de l'École.

 

Cette préoccupation se concrétise par la création d'une section spécialisée des sciences humaines qui introduit dans l'enseignement les données de la psychologie et de la sociologie contemporaine, puis par la création d'une section Organisation et Méthodes qui initie les stagiaires à la recherche opérationnelle, à l'informatique et à la prospective.

 

Dans le même esprit, à partir de 1962, la pédagogie est orientée vers les formes de travail collectif, notamment par le développement du système «des grandes commissions» où les stagiaires débattent avec des personnalités civiles ou militaires extérieures à l'École de questions d'ordre économique, technique ou militaire.

 

Les moyens pédagogiques s'adaptent à cette évolution. L'équipement des salles de groupe en appareils audio-visuels se poursuit. En 1968, un circuit fermé de télévision doté d'une infrastructure technique complète (magnétoscope, télécinéma) est mis en place. Désormais les stagiaires utilisent « la puissance de l'image » dans leurs exercices.

 

L'enseignement a donc subi depuis la réouverture de l'après-guerre de sensibles modifications. Mais l'orientation voulue .par le général de Lattre s'est maintenue en dépit du poids des guerres coloniales. L'École est restée attentive à l'évolution des sciences et des techniques et aux réalités du monde contemporain. Elle a su évoluer avec son temps.

 

On pourra lire également : L'École supérieure de guerre dans les années 1967-1969, par le général USUREAU.

 



REMISE DE LA CROIX DE GUERRE 1939 À L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE

 

Le 27 mai 1950 (Journal officiel du 6 juin 1950), le gouvernement traduit la reconnaissance du pays à l'École supérieure de guerre par une citation à l'ordre de l'Armée avec attribution de la croix de guerre 1939 avec palme.

 

Selon celle-ci : «Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les anciens élèves de l'École Supérieure de Guerre ont prouvé leur haute valeur professionnelle et morale ainsi que leur sentiment du devoir.

 

De 1939 à 1945, 110 officiers brevetés d'état-major dont 31 généraux sont morts sur les champs de bataille du monde, dans la résistance ou en déportation.

 

Par le sacrifice de ses anciens élèves, comme par la qualité de son enseignement, l'École Supérieure de Guerre a maintenu pendant la guerre 1939-1945, en France comme à l'étranger, le prestige qui en avait fait durant la Première Guerre mondiale, l'une des principales sources de la grandeur militaire française.»

 

Le 17 mars 1955 au cours d'une cérémonie très émouvante, la Croix de guerre est épinglée au fanion de l'École supérieure de guerre dans la cour d'honneur de l'École militaire.

 

 

INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS ET LA SALLE D'HONNEUR DE L'ÉCOLE LE 11 NOVEMBRE 1960

 

Aucun monument suffisamment digne ne conservait jusqu'à maintenant le nom des officiers brevetés ou diplômés d'état-major tombés au Champ d'Honneur depuis 1914.


Et aucune salle ne rassemblait non plus les souvenirs de ceux à qui il avait été donné de conduire nos armées à la Victoire. Il appartenait donc à l'École de Guerre de créer une salle, dans laquelle il serait rendu hommage à la mémoire de ses anciens stagiaires, professeurs et commandants d'École, ayant servi avec éclat leur Patrie, dans le sacrifice, aussi bien que dans la gloire.


L’École supérieure de guerre consacre donc la journée du 11 novembre 1960 à des cérémonies du Souvenir, au cours desquelles sont solennellement inaugurés le monument aux Morts et la Salle d'honneur de l'École.

 

 

CENTENAIRE DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE

 

En mai 1976, l’École supérieure de guerre célèbre son centième anniversaire. Trois cérémonies d'un caractère strictement militaire, et sans faste particulier, se déroulent à l'École militaire :

 

- Colloque d'histoire les 13 et 14 mai, sous la présidence du général d'armée Gambiez de la 57e promotion, membre de l'Institut ;

- Assemblée générale de l'Association des Amis de l'École supérieure de guerre le 14 mai ;

- Prise d'armes dans la cour d'honneur de l'École militaire, le 15 mai, sous la présidence de M. Jacques Chirac, Premier ministre, accompagné de M. Yvon Bourges, ministre de la Défense et du général Marcel Bigeard, secrétaire d'État.

 

A cette occasion, l'École supérieure de guerre rend hommage à ses anciens stagiaires qui ont pris une large part aux combats de l'armée française au cours de deux guerres mondiales et lors des campagnes sur les théâtres d'opérations extérieures.

 

 

LA FIN DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE

 

Après la 1re Guerre du Golfe, il devient nécessaire de renforcer la dimension interarmées de la formation supérieure des officiers.

 

Le 30 juillet 1993, les écoles supérieures de guerre terre, air, mer et interarmées disparaissent tandis qu'est créé le 1er septembre, à partir du Cours supérieur interarmées, le Collège interarmées de défense.

 

En raison de la complexité du combat terrestre moderne, l’armée de terre maintient, à compter du 1er septembre 1993, un Cours supérieur d’état-major qui se substitue à la première année de l’École supérieure de guerre et qui conserve l'héritage de l'ancienne École supérieure de guerre.

 

Et c'est au son d’un ordre du jour banal et sans âme du général Monchal, chef d'état-major de l'armée de terre, que disparaît l’École supérieure de guerre.

 

 

La Croix de la Légion d'honneur, les Croix de guerre 1914-1918 et 1939 sur le fanion de l’ESG (Photo Jérôme Souchères)