Notes sur l'École supérieure de guerre en 1924-1926 par le colonel HALLIER




A l'époque, une promotion composée d'officiers ayant tous fait la guerre a trouvé dans l'enseignement de l'école la confirmation de ses expériences de la guerre vécue.

 

L'époque de la victoire était proche. Aucune inquiétude extérieure n'apparaissait. Aucun budget n'envisageait l'étude et l'achat de matériel nouveau. En bref, une morte saison peu propice à la recherche.

 

Nous avons donc sans soucis étudié l'ancienne guerre.

 

Il n'en reste pas moins que nous avions acquis des bases pour éventuellement remettre en question tous les problèmes militaires.

 

Profit tiré du stage.

 

- Excellente gymnastique pour un travail d’état-major. Applicable en temps de paix. Utile en temps de guerre à condition de s'adapter aux circonstances du moment.

 

- Pas de profit sur le plan stratégique. J'ai suivi ultérieurement en 1937 le cours du Centre des hautes études militaires, qui ne m'a guère orienté davantage.

 

-  Sur le plan tactique, un enseignement un peu livresque, mais souvent utile.

 

Un stage en définitive utile à cause de l'effort des études. Les procédés de travail en salle recommandables.

 

L'acquisition la meilleure a été dans les échanges personnels avec les camarades des autres armes et avec certains professeurs que l'on connaissait individuellement.

 

Ma première année s’est déroulée sous le commandement du général Dufieux, personnage un peu gabarit et figé. Ma deuxième année était avec le général Héring, qui a cherché à secouer l'enseignement. Il n'a pas réussi entièrement, rencontrant des réticences à l'état-major de l’armée et au sein du corps enseignant de l'École.

 

Peu de professeurs étaient très marquants. Quelques-uns ont fait la deuxième guerre mondiale d'une façon marquée tel GRANDSART ou PICQUENDAR. Mais en général, des maîtres peu entraînants. A noter cependant :

 

- Le colonel TOUCHON, magnifique combattant, alpiniste célèbre, grand animateur.

- Le colonel CHAUVINEAU, sapeur, esprit original, conférencier subtil.

 

Les relations avec les stagiaires étrangers étaient généralement courtoises mais peu intimes. Il y avait néanmoins des cas d'espèces. Dans mon groupe, un officier iranien avec lequel nous étions en totale camaraderie, qui est revenu souvent en France et que j'ai été voir à Téhéran. J'ai le sentiment que beaucoup de stagiaires étrangers gardent un bon souvenir et une certaine fierté de leur stage à l'École supérieure de guerre.

 

S’agissant des stagiaires français, sans faire de généralisation, je ferai une distinction entre les officiers stagiaires mariés et les célibataires. L'époque était alors difficile pour les jeunes ménages. Logements rares souvent en banlieue. Ressources limitées. Enfants en bas âge. En bref, des problèmes privés limitent une activité intellectuelle lors des études immédiates. Beaucoup vivent en vase clos en famille et hors du monde extérieur.

 

Par contre, les célibataires ont eu des occasions d'échanges entre eux et avec des civils, de faire des voyages et pour beaucoup d'augmenter à Paris leur bagage littéraire et artistique.

 

Par ailleurs, les problèmes politiques absents des préoccupations de l'ensemble. Les conflits de générations inexistantes.

 

Article paru dans le Bulletin trimestriel de l'association des amis de L'École supérieure de guerre.
 

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