L’admission d’officiers de réserve à l’École supérieure de guerre

En novembre 1947, Pierre-Henri TEITGEN, ministre de la Guerre, estime que les leçons des derniers conflits et les hypothèses sur les conditions futures de la guerre conduisent à considérer comme un non-sens toute conception de la Défense nationale qui ne réaliserait pas, dès le temps de paix, une interprétation intime entre le domaine des activités civiles et celui des problèmes militaires.

 

A cet effet, de hautes personnalités civiles et militaires sont appelées à participer activement et d'une façon permanente à l'enseignement de l'École supérieure de guerre. En outre, des stages assez longs sont organisés pour les élèves dans l'industrie et les grandes entreprises.

 

Mais, selon le ministre, ces réalisations présentent un intérêt incontestable mais ne suffisent pas au but recherché.

 

Celui-ci ne sera atteint que si les élèves, au sein même des groupes, ont un contact permanent avec certains représentants de l'activité civile et si ceux-ci peuvent se livrer à l'étude des problèmes militaires modernes qui leur permettra, en cas de conflit, d'occuper avec efficacité les postes élevés auxquels ils sont susceptibles d'être appelés.

 

C'est pourquoi il considère comme souhaitable d'admission à l'école supérieure de guerre d'un certain nombre d'officiers de réserve, choisis parmi les plus avertis des problèmes de l'économie civile moderne, et paraissant les plus aptes à assumer, en temps de guerre, des responsabilités importantes.

 

Il ne lui paraît pas souhaitable de rappeler ces officiers de réserve à l'activité ; en effet, les soldes afférentes à leur grade seraient d'un taux si inférieur à leur traitement civil que ce rappel aurait de fortes chances d'être mal accueilli.

 

Par ailleurs, il lui paraît nécessaire, pour que les administrations publiques, les grands corps de l'État et les sociétés nationalisées trouvent moins lourds le sacrifice de se séparer pendant un an et demi de personnalités de qualité, en leur maintenant leurs émoluments habituels, de n'astreindre les intéressés qu'aux études opérations, c'est-à-dire aux travaux de l'après-midi, quatre après-midi par semaine.

 

Il lui paraît également souhaitable que les intéressés aient pris une part active à l'une au moins des campagnes qui se sont déroulées de 1942 à 1945.

 

A la suite des démarches entreprises, l'École supérieure de guerre accueille trois stagiaires civils à partir du 1er décembre 1947 : un auditeur du Conseil d'État, un ingénieur de la SNCF et un haut fonctionnaire de l'administration du Métropolitain qui suivront les cours de la 61e promotion.

 

Dès juillet 1948, estimant cette innovation d'un intérêt incontestable, Pierre-Henri TEITGEN décide de poursuivre l'expérience sur une échelle plus étendu. L'École supérieure de guerre accueille donc 4 stagiaires civils à la rentrée de décembre 1948 (62e promotion), 8 à la rentrée 1949 (63e promotion), 7 à la rentrée  1950 (64e promotion).

 

Cependant, en janvier 1949, la candidature à l'Institut des hautes études de défense nationale et d’économie de guerre de M. MAUBERNA (62e promotion), gouverneur des colonies, stagiaire de l'ESG, mais également sous-officier de réserve, attire l'attention du général MAST, directeur de l'IHEDN qui estime qu'une confusion s'est créée entre l'ESG traitant d'études spécifiquement militaires et l'IHEDN, seul habilité à traiter des problèmes de défense nationale.

 

Il est donc décidé qu’à partir de la rentrée 1951, fonctionnaires et personnalités civiles admis à suivre des cycles d’études de l’enseignement militaire supérieurs militaire seront dirigés sur l’Institut des hautes études de défense nationale à l’exception de celles susceptibles d’occuper des fonctions militaires importantes dans un état-major en cas de mobilisation.

 

La 65e promotion (1951-1953) n'accueillera donc que trois stagiaires civils ; les 66e (1952-1954), 67e (1953-1955), 68e (1954-1956), et 71e promotions (1957-1959) n’accueilleront chacune qu’un stagiaire avant que l'expérience, définitivement privée de son sens, soit finalement  abandonnée.


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